Pour une écologie sociale – Zu Gast im Land

Jimmy Skenderovic, président des Jeunesses socialistes luxembourgeoises (JSL) et candidat du LSAP aux élections législatives, présente la vision d’une écologie sociale dans sa tribune libre dans le Lëtzebuerger Land.

Pour une écologie sociale

 

En temps de réchauffement climatique, sécheresse, pollution des mers et sols, l’industrie et les agences de marketing se remplissent les poches en jouant la carte du changement pour le bien-être de tous.  Régional, renouvelable, faibles émissions, durable : c’est chic, moderne et surtout preuve d’un style de vie prometteur pour le futur.

Mais comment le consommateur, poussé par une économie ne visant que la maximisation du profit, va-t-il s’y retrouver et différencier entre un bon et un mauvais produit ? Ceux qui font l’effort sont punis, car ils paient plus pour leurs produits sains. Ceux qui n’ont pas les moyens sont exclus et obligés de consommer bas de gamme. Les plus grands pollueurs, dont beaucoup d’entre eux sont subventionnés, peuvent se permettre de vendre à des prix écrasés. L’étude « Carbon and inequality: from Kyoto to Paris », publiée en amont de la COP21 à Paris, analyse l’évolution des inégalités d’émissions de CO2 entre individus et démontre que plus riche l’on est plus l’on pollue. Les moins aisés, donc, n’auraient rien à se reprocher.

La transition écologique doit être la priorité de tous et c’est dans cette direction qu’il faut se diriger dans le futur. Le Gouvernement actuel a déjà mis en place une série de mesures et actions louables. Il ne faut néanmoins pas tomber dans la trappe de la consommation et du matérialisme, transformés de plus en plus en une éco-consommation, poussant les individus à consommer « plus » certifié d’un tampon « durable ».

Procéder au remplacement « immédiat » du parc automobile actuel par un parc automobile plus performant, réduirait sans doute les émissions de gaz à effet de serre et d’autres polluants dangereux pour la santé humaine. Par contre, en tenant compte du total des ressources nécessaires à la production, y compris le recyclage, l’empreinte écologique totale dépasse actuellement le gain en émissions de CO2. Par ailleurs, il n’existe aucune preuve que le progrès technologique conduit à la dématérialisation. D’après une étude du Massachusetts Institute of Technology, le progrès technologique augmente les besoins en matières premières.

Mais que faire alors ? Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre et faire face au changement climatique ? Pour le Luxembourg, qui doit réduire ses émissions de 40% jusqu’à 2030 et dont 65% proviennent du transport, il n’y a pas de solutions miracles. Il faut prendre des décisions qui ne plaisent pas à tous et qui vont causer plus de mal à certains qu’à d’autres.

La différenciation sociale entre ceux qui peuvent se permettre des produits de qualité et ceux condamnés au bas de gamme, crée un clivage brutal. C’est donc essentiel de protéger les plus vulnérables et de s’attaquer aux plus grands pollueurs. En l’occurrence, l’écologie sera rejetée, d’ailleurs un phénomène bien présent, influé par les populistes qui mettent en péril non seulement les politiques environnementales, mais aussi la démocratie.

Si l’on veut éviter ce clivage, il est important de faire en sorte que la politique environnementale ne constitue pas un fardeau pour les plus démunis, au risque de ne jamais atteindre de véritable transition écologique. Il est donc nécessaire de prendre le taureau par les cornes et soulager les personnes les moins aisées au moyen notamment de prestations gratuites compensées par des taxes des grands pollueurs, d’interdiction de matériaux à usage unique et de produits toxiques, de réduction du temps de travail. C’est en permettant aux plus vulnérables de bénéficier d’avantages et non en les culpabilisant qu’on va réussir.

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