Impacts socio-économiques et besoin de solidarité

« La crise du Covid-19 annonce un rééquilibrage assez fondamental au sein de notre société entre les valeurs du marché et celles de l’intérêt général » Christian de Perthuis, Pr d’économie

Le Covid-19 va vraisemblablement se traduire par une double crise, à la fois sanitaire et économique. Pour limiter ce double coup dur, les citoyens et les politiques doivent faire preuve de solidarité. Depuis mars 2020, les pays européens sont touchés durement par le coronavirus et nous sommes incapables pour l’instant de contrer efficacement ce fléau. Comme personne ne peut sérieusement prédire la durée, il est impossible de prévoir l’impact que cette crise aura réellement sur l’économie et sur les emplois.

La rapidité, l’importance et la violence de cette crise sanitaire nous oblige à repenser le rôle du gouvernement dans son soutien à l’économie. « Il est grand temps de tirer les douloureuses leçons de la crise financière mondiale de 2008. (..) Il convient de poser les conditions pour s’assurer que les plans de sauvetage financiers puissent transformer les secteurs auxquels l’Etat vient en aide en vue de les amener à réduire les émissions de carbone tout en investissant dans la formation des travailleurs, (…). Cela doit être fait maintenant, pendant que le gouvernement a la main. » (Mariana Mazzucato, économiste)

« Le confinement peut aider à se rendre compte de l’importance des services publics trop souvent vilipendés et méprisés » Dominique Méda, Coprésidente du Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesse (FAIR)

Pendant cette période de confinement, nous avons été amenés à relativiser l’importance de certains biens ou services, notamment des services publics trop souvent peu valorisés dans l’esprit des gens. Cela nous amène à revoir la « hiérarchie » sociale des métiers, en accord avec leur utilité réelle. En se rappelant par exemple, comment les mesures libérales mises en œuvre dans les années 1980’s, notamment par Ronald Reagan aux USA et Margareth Thatcher au UK, ont eu des répercussions politiques majeures en Europe, comme l’ouverture des marchés, la privatisation, la déréglementation et la discipline budgétaire. Ce qui a entrainé des répercutions négatives sur les services publics, y compris au Luxembourg.

Depuis le début de la crise, grâce aux ministres socialistes, le rôle et l’action des services d’intérêt général ont été renforcés, tel la santé, la sécurité sociale, l’enseignement, les réseaux de transport, de communication, d’électricité, d’eau, d’assainissement, qui ont tous continué de fonctionner aux services des citoyens.

«Le covid-19 a forcé 2,7 milliards de travailleurs, soit 81% de l’ensemble de la population active, au chômage ou au chômage partiel » Organisation mondiale du Travail (OIT)

La croissance sera négative en Europe. Les prévisions de recul sont de -5,9% dans la zone euro. Le Luxembourg ne sera pas épargné par cette crise économique qui risque d’impacter l’emploi, tout comme pendant la crise de 2012, qui avait vu le nombre de demandeurs d’emplois augmenter drastiquement aussi chez nous. Dan Kersch, ministre du Travail, et Franz Fayot, Ministre de l’Economie, mettent tout en œuvre pour parer aux effets négatifs sur l’emploi, grâce à un paquet de mesures qui soutiennent les entreprises et les salariés.

Après une période de cinq semaines de confinement, nécessaire pour endiguer la propagation du virus, pendant laquelle des restrictions importantes de déplacement, la fermeture des entreprises commerciales et artisanales, y compris des chantiers de construction, ont été prises, il est maintenant temps de procéder à une levée prudente et par phase successives des mesures de confinement.

« La réponse économique appropriée à la crise sanitaire repose sur l’idée qu’en ces temps inhabituels, le curseur s’est déplacé vers la solidarité. » Jean Tirole, Prix Nobel d’Economie

La crise sanitaire a fait, et continuera à faire, émerger de nombreuses actions de solidarité. On en a chaque jour des exemples, tant vis-à-vis des personnes âgées, les plus vulnérables, qu’à l’égard des personnels soignants, les plus exposés dans le combat contre le virus. Mais pas uniquement, de nouvelles manifestations de solidarité permettent de corriger les inégalités. Tous ces actes et engagements contribuent à faire reculer les valeurs d’individualisme et de consommation effrénée qui sont les plus grands obstacles à la mise en place d’une société plus juste et plus durable.

En cette période particulièrement douloureuse, nous devrons être capable de restaurer l’Etat social, que nous défendons depuis toujours, afin d’affronter les défis sanitaires, économiques, sociaux et environnementaux.

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